Résumé Antigone (Jean Anouilh)
Antigone (Jean Anouilh)
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1-PRÉSENTATION |
Antigone (Jean Anouilh), tragédie en un acte
et en prose de Jean Anouilh écrite sous l’Occupation, créée en février 1944 à
Paris et publiée en 1946. Inspirée de la pièce homonyme de Sophocle, elle reste
son plus célèbre ouvrage.
2-UNE INTRIGUE FIDÈLE À LA LÉGENDE |
Le prologue rappelle le
combat des deux fils d’Œdipe et l’interdiction par Créon de rendre les honneurs
funèbres à Polynice, « le vaurien, le révolté ». L’action commence au
retour d’Antigone qui vient d’enterrer ce frère maudit, ce que l’on comprend
rétrospectivement. Dans un premier temps, elle s’entretient avec ses proches
(sa nourrice, sa sœur Ismène, son fiancé Hémon, le fils de Créon) qui ignorent
la situation. Puis, elle révèle son acte qui est parallèlement annoncé à Créon
par les gardes. Le chœur rappelle alors le mécanisme de la tragédie.
L’affrontement avec Créon occupe un second moment. Ismène entre, apparemment
ralliée à sa sœur. Mais Antigone est emmenée. Hémon supplie en vain son père de
l’épargner. Dehors, la révolte gagne aussi la foule tandis qu’Antigone échange
quelques mots avec le garde qui l’a arrêtée : elle sera murée vivante. Un
messager et le chœur racontent ensuite qu’Hémon s’est tué, que la reine est
morte ; Créon se retrouve donc seul.
3-ANTIGONE, HÉROÏNE MODERNE |
La pièce reste fidèle, par
son intrigue — mais aussi par la présence d’un chœur, d’un messager, de
scènes comportant deux ou trois personnages —, à son modèle antique.
Anouilh joue à introduire des distances en adoptant un style simple, souvent
familier, et des anachronismes (Antigone et sa « nounou »…).
L’auteur s’intéresse surtout à
la personnalité de l’héroïne, apparaissant dans sa solitude et sa révolte, qui
lui confèrent grandeur et pureté. Antigone est ici une adolescente obstinée,
parfois capricieuse (« je veux tout, tout de suite »), condamnée à
mort pour sa désobéissance.
La pièce est ainsi plutôt
sombre. Anouilh la considère d’ailleurs comme une de ses « nouvelles
pièces noires », selon la typologie qu’il a établie pour ses œuvres
dramatiques. Le pessimisme se manifeste à travers l’arbitraire, l’absurdité et
l’indifférence qu’affronte Antigone, et trouve une touchante expression dans le
thème de l’enfance qui parcourt l’ensemble de la pièce. Ce pessimisme tient aussi
à l’époque à laquelle est composée Antigone, l’héroïne apparaissant
comme une figure de résistance.
4- LE THÉÂTRE EN QUESTION |
Une telle noirceur trouve
une expression particulièrement efficace dans le genre tragique :
« c’est reposant, la tragédie, parce qu’on sait qu’il n’y a plus
d’espoir ». À cet effet, le style est épuré, la mise en scène,
sobre : il y a peu de personnages, les costumes sont sombres (sauf pour
Ismène), le « décor neutre ». En outre, Anouilh rappelle régulièrement
à quel point le dénouement est inévitable, la pièce n’étant que la mise en
œuvre d’un mécanisme de mort, la réalisation d’un destin. Ce phénomène trouve
ici une intensité d’autant plus vive qu’Antigone est décidée à mourir et
revendique donc cette mort plus qu’elle ne la subit.
Anouilh a ainsi recours au
prologue et au chœur, à qui il fait tenir des discours explicitement
« méta-théâtraux ». Il propose une réflexion sur le genre tragique et
sur le théâtre de façon plus générale. Le prologue rappelle la situation de
représentation, présente successivement les personnages qui « vont
jouer » l’histoire. Anouilh rend visibles — et même souligne
fortement — tous les procédés de composition, affirmant la toute-puissance
du théâtre.